Retour

EPIDEMIOLOGIE DES SARCOCYSTOSES

Les sarcocystoses

Les Sarcocystis sont des parasites intracellulaires obligatoires qui appartiennent à la sous-classe des coccidies (au même titre que Cyclospora, Cystoisospora ou Cryptosporidium par exemple). Ils sont largement répandus dans l’environnement avec plus de 200 espèces connues à ce jour, parmi lesquelles moins d’une dizaine sont capables d’infecter l’Homme (1). Le cycle parasitaire de type proie-prédateur, comprenant obligatoirement ces 2 hôtes, est responsable de sarcocystose musculaire chez l’hôte intermédiaire (la proie) et de sarcocystose intestinale chez l’hôte définitif (le prédateur, carnivore ou omnivore). Ainsi, l’Homme peut être soit hôte définitif soit hôte intermédiaire en fonction du mode de contamination et de l’espèce de Sarcocystis en cause (2).

Sarcocystose intestinale : mode de contamination et prévalence

La consommation de viande crue ou insuffisamment cuite contaminée par le parasite sous sa forme kystique (sarcocyste) est responsable de sarcocystose intestinale humaine. Il est important de noter que les sarcocystes des espèces infectant l’Homme, Sarcocystis suihominis chez le porc, Sarcocystis hominis et Sarcocystis heydorni chez le bœuf, sont invisibles à l’œil nu et peuvent passer les contrôles d’inspection des carcasses en abattoir (3). D’autres espèces potentiellement capable d’infecter l’Homme par ce biais sont également en cours de description (données personnelles) ou en attente de confirmation (4). La distribution de la sarcocystose intestinale humaine est mondiale. Les rares études épidémiologiques chez l’Homme rapportent des prévalences plutôt élevés, jusqu’à plus de 20% dans certaines régions du monde. Cependant, ces travaux sont pour la plupart anciens et présentent des biais. Des études complémentaires sont donc nécessaires afin de mieux évaluer la prévalence de cette infection chez l’Homme. A l’inverse, les études sur le bétail, et notamment les bovins, plus récentes et plus nombreuses montrent que la quasi-totalité des carcasses sont contaminées par au moins une ou plusieurs espèces de Sarcocystis ce qui suggère que l’Homme doit régulièrement être infecté par ce parasite (5).

Sarcocystose musculaire : mode de contamination et prévalence

Pour certaines espèces de Sarcocystis, l‘Homme peut constituer une impasse parasitaire en étant lui-même hôte intermédiaire chez lequel le parasite va former des kystes dans les tissus musculaires responsables de sarcocystose musculaire humaine. La contamination s’effectue alors par consommation d’aliments ou d’eau souillés contenant des oocystes/sporocystes de Sarcocystis qui représente la forme de résistance dans l’environnement issue de la reproduction sexuée du parasite chez l’hôte définitif. Le réservoir des espèces en cause serait habituellement les primates non-humains, avec comme hôte prédateur les reptiles. Une espèce nommée Sarcocystis nesbitti à récemment était décrite dans des cas de sarcocystose musculaire chez les singes ainsi que chez l’Homme avec comme hôte définitif le plus probable les serpents (2). La littérature rapporte des prévalences élevées de sarcocystose musculaire humaine, jusqu’à plus de 40%, dans les régions ou l’Homme vit en proximité directe avec les singes et les reptiles notamment l’Asie du sud-est. Deux épidémies bien documentées et assez récentes ont par ailleurs été décrites en Malaisie (6,7). Dans les pays occidentaux, les prévalences rapportées sont beaucoup plus faibles voire nulles selon les études, mais là encore les données sont rares et nécessitent confirmation (5).

Références

  1. Dubey JP, Calero-Bernal R, Rosenthal BM, Speer CA, Fayer R. Sarcocystosis of Animals and Humans. CRC Press. Boca Raton, Florida; 2015.
  2. Dubey JP. Foodborne and waterborne zoonotic sarcocystosis. Food and Waterborne Parasitology. 2015.
  3. Dubey JP, Rosenthal BM. Bovine sarcocystosis: Sarcocystis species, diagnosis, prevalence, economic and public health considerations, and association of Sarcocystis species with eosinophilic myositis in cattle. International Journal for Parasitology. 2023.
  4. Agholi M, Shahabadi SN, Motazedian MH, Hatam GR. Prevalence of Enteric Protozoan Oocysts with Special Reference to Sarcocystis cruzi among Fecal Samples of Diarrheic Immunodeficient Patients in Iran. Korean J Parasitol. 2016.
  5. Poulsen CS, Stensvold CR. Current Status of Epidemiology and Diagnosis of Human Sarcocystosis. J Clin Microbiol. 2014.
  6. Esposito DH, Freedman DO, Neumayr A, Parola P. Ongoing outbreak of an acute muscular Sarcocystis-like illness among travellers returning from Tioman Island, Malaysia, 2011-2012. Eurosurveillance. 2012.
  7. AbuBakar S, Teoh BT, Sam SS, Chang LY, Johari J, Hooi PS, et al. Outbreak of Human Infection with Sarcocystis nesbitti, Malaysia, 2012. Emerg Infect Dis. 2013.

© CNR cryptosporidioses - Tous droits réservés

CNR cryptosporidioses