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DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DES SARCOCYSTOSES

Diagnostic de la sarcocystose intestinale

Le prélèvement à réaliser dépend du type d’atteinte suspecté. En cas de sarcocystose intestinale, la recherche de Sarcocystis s’effectuera sur des selles. Classiquement, le diagnostic est posé par la visualisation en microscopie des oocystes/sporocystes. Une répétition de l’examen sur 3 selles espacées de plusieurs jours est indispensable tout comme l’utilisation de techniques de concentration, les oocystes/sporocystes étant excrétés en très faible quantité. L’autre difficulté diagnostic repose sur le délai et la durée entre l’apparition des symptômes et l’excrétion des oocystes dans les selles : une recherche microscopique en tout début de symptomatologie ne permettra pas de mettre en évidence d’oocystes/sporocystes de même que l’excrétion de ces derniers pourra perdurer après disparition des symptômes (1). Il n’existe pas de coloration spécifique des oocystes/sporocystes qui prennent très aléatoirement la coloration de Ziehl-Neelsen utilisée habituellement pour les coccidies et qui est donc à proscrire pour la recherche de Sarcocystis. Cependant, les oocystes/sporocystes sont autofluorescents sous les UV ce qui facilite grandement leur détection au microscope à fluorescence. Les oocystes sont en pratique constitués d’une paire adjacente de sporocystes relié par une membrane pratiquement invisible et fragile si bien qu’il est plus fréquent de visualiser des sporocystes individualisés. Ces derniers mesures en moyenne 10 x 14 µm et contiennent 4 sporozoïtes mais ne permettent pas de différencier les espèces entre elles, sur la base de la microscopie (2). Etant donnée la difficulté du diagnostic et le niveau d’expertise requis, la détection moléculaire de Sarcocystis permettrait un gain de sensibilité notable avec de plus la possibilité d’identifier l’espèce en cause. A ce jour, aucune méthode moléculaire n’est commercialisée, seules quelques PCR maisons ont été utilisées principalement sur tissus animaux pour des études vétérinaires, et une seule sur selle humaine (1,3).

Diagnostic de la sarcocystose musculaire

En cas de sarcocystose musculaire, seule la détection de sarcocystes dans un échantillon de biopsie musculaire confirme le diagnostic. Aucun test sérologique n’est à ce jour disponible en routine. Les sarcocystes étant distribués de manière diffuse et donc difficiles à trouver,  une imagerie par résonance magnétique (IRM) serait utile pour orienter le site de biopsie musculaire. La visualisation sur coupe histologique et/ou l’amplification moléculaire du Sarcocystis confirme alors le diagnostic avec la possibilité d’identifier l’espèce en cause (4,5). Actuellement de découverte fortuite sur biopsie ou autopsie, la mise au point d’une PCR en temps réel détectant l’ADN parasitaire dans le muscle, ou même dans le sang en début d’infection lors de la circulation du parasite, faciliterait le diagnostic de cette pathologie encore sous-estimée.

Traitement

Aucun consensus n’existe pour le traitement de la sarcocystose intestinale humaine. Seuls quelques cas anciens rapportés de la littérature ont utilisé diverses molécules (dithiazanine, pyrimethamine + sulfisoxazole, acetylspiramycin) sans efficacité (1). Un seul cas plus récent mais douteux fait part de l’utilisation de cotrimoxazole (4, 6).

Concernant la sarcocystose musculaire, aucun traitement de référence n’a également été approuvé. L’utilisation d’antiparasitaire comme le cotrimoxazole ou l’albendazole, et/ou d’anti-inflammatoires comme les corticostéroïdes semblerait améliorer la symptomatologie chez certains patients mais aucune étude protocolisée n’a été réalisée à ce jour. L’association pyriméthamine-sulfadiazine a démontré son efficacité in vitro sur culture cellulaire de Sarcocystis neurona (4).

Pour prévenir la sarcocystose intestinale, la viande doit être bien cuite (60 °C à cœur) ou congelée (-20°C pendant au moins 2 jours) pour tuer les bradyzoïtes présents dans les sarcocystes (1).

Pour prévenir la sarcocystose musculaire, il faut veiller à ne pas consommer d’eau ou d’aliments potentiellement souillées. Ici aussi, la cuisson permet de tuer les oocystes/sporocystes, sinon il faut préférer boire de l’eau potable ou en bouteille, bien laver les crudités, fruits, plantes aromatiques… (4).

 

Références

  1. Dubey JP, Calero-Bernal R, Rosenthal BM, Speer CA, Fayer R. Sarcocystosis of Animals and Humans. CRC Press. Boca Raton, Florida. 2015.
  2. Poulsen CS, Stensvold CR. Current Status of Epidemiology and Diagnosis of Human Sarcocystosis. J Clin Microbiol. 2014.
  3. Rubiola S, Civera T, Ferroglio E, Zanet S, Zaccaria T, Brossa S, et al. Molecular differentiation of cattle Sarcocystis spp. by multiplex PCR targeting 18S and COI genes following identification of Sarcocystis hominis in human stool samples. Food Waterborne Parasitol. 2020.
  4. Fayer R, Esposito DH, Dubey JP. Human Infections with Sarcocystis Species. Clin Microbiol Rev. 2015.
  5. AbuBakar S, Teoh BT, Sam SS, Chang LY, Johari J, Hooi PS, et al. Outbreak of Human Infection with Sarcocystis nesbitti, Malaysia, 2012. Emerg Infect Dis. 2013.
  6. Nimri L. Unusual case presentation of intestinal Sarcocystis hominis infection in a healthy adult. JMM Case Rep. 2014.

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